L’EPFL fait de la politique énergétique et sort de son rôle

L’EPFL fait de la politique énergétique et communique de manière partielle et partiale les résultats d’une étude

A quelques semaines de la votation sur la loi climat, l’EPFL n’hésite pas : sur son site Internet, elle affirme qu’une nouvelle étude publiée en collaboration avec la HES-SO Valais nous apprend que la neutralité carbone et l’indépendance énergétique sont « théoriquement possibles » d’ici 2050, ceci à des coûts plus faibles que les coûts actuels. Magnifique, qu’attendons-nous pour le faire ?

Les médias suivent sans esprit critique

Évidemment les médias, RTS en tête, reprennent l’information sans en analyser les tenants et aboutissants de manière critique. Elles le devraient : cette étude repose sur des modélisations et reste très théorique. À y regarder de plus près, on remarque rapidement que certaines hypothèses ne se réaliseront jamais.

L’exemple éolien : des chiffres totalement irréalistes

Sous l’angle de l’énergie éolienne par exemple, on constate que la puissance éolienne installée mentionnée dans cette étude varie de 8.4 à 20 GW (considéré comme « potentiel éolien maximum »), ce qui signifie entre 2’800 et 6’600 éoliennes de 3MW et au moins 200 mètres de hauteur sur territoire suisse. Sans même parler des toutes les contraintes territoriales (montagnes, zones urbanisées, etc.) qui rendent ce chiffre fantaisiste, la confrontation à la réalité des projets planifiés est sans appel. Selon le lobby éolien Suisse Eole, il existe actuellement en Suisse 309 éoliennes planifiées dans 53 parcs ou projets, qui sont soit en procédure soit inscrits dans une planification directrice. Seules 41 machines sont en fonction à ce jour.

L’Alliance environnement, regroupant les principales ONG de protection de l’environnement suisses, estime que 400 éoliennes au maximum sont compatibles avec l’indispensable préservation de la biodiversité dans notre pays.

Une étude qui n’est pas remise en cause mais une communication trompeuse

Sans remettre en cause la rigueur scientifique de l’étude, qui opère avec des modèles et des scénarios, PLVD regrette l’utilisation politique qui en est faite, en particulier par l’EPFL. La communication médiatique est en effet trompeuse ; elle vise à faire croire qu’il est aisé et peu coûteux de remplacer toute l’énergie fossile et toute l’énergie nucléaire par des nouveaux renouvelables, alors que les hypothèses sous-jacentes de l’étude, notamment celle du nombre d’éoliennes à mettre en place, sont totalement irréalistes, sans même entrer dans la discussion de leur opportunité.

On attend des hautes écoles rigueur et objectivité

L’énergie et le climat sont des enjeux majeurs, qui méritent une information objective et rigoureuse ; la science et l’ingénierie doivent évidemment y apporter leur indispensable contribution, en toute indépendance et sans faire de politique.