Archives mensuelles : juin 2023

En misant sur les éoliennes, le Conseil fédéral parie sur un tocard !

Le Conseil fédéral fonce sur l’éolien

Avant même que les débats sur l’actuelle révision de la loi sur l’énergie (LEne) ne soient terminés lors de la prochaine session d’automne, le Conseil fédéral propose déjà une nouvelle révision de la loi sur l’énergie. Dans un communiqué du 22.06.23, il exprime son intention de mettre les bouchées doubles sur les renouvelables afin de concrétiser les objectifs acceptés par le peuple lors des votations du 18 juin sur la loi Climat.

Au mépris de la démocratie

Et cette fois-ci, il n’y va pas de main morte n’hésitant pas à bousculer la démocratie. Qu’on en juge :

  • L’autorité compétente pour décider les plans d’affectation et les permis de construire serait le Canton. Seul le requérant du projet (!) pourrait demander que la procédure ordinaire de planification soit utilisée. 
  • La disposition entrerait en vigueur tout de suite (dès l’adoption de la modification de la loi, probablement en 2024) par ordonnance du canton. Pas de modification de la loi cantonale. 
  • Le Canton devrait statuer sur les projets dans les 180 jours. Le tribunal cantonal aussi et le TF aussi (durée totale de la procédure donc : 1.5 année)
  • Les plans directeurs cantonaux (PDC) devraient prévoir des zones pour les infrastructures Hydro-PV-Eol. Plus besoin de prévoir les sites précis dans les PDC. Un plan d’affectation est valable tant qu’il concerne un projet dans une zone. 
  • Les associations locales et cantonales n’auraient aucun droit d’opposition et de recours, seuls les riverains et les organisations nationales bénéficiant du droit de recours auraient qualité pour agir. 

Des milliers d’éoliennes en Suisse ?

La conséquence de cette révision serait sans aucun doute la prolifération quasi incontrôlée de milliers d’éoliennes dans notre pays. Au moment où plusieurs sondages ont fait clairement apparaître l’attachement des Suisses à leurs paysages, ces derniers, la biodiversité et la démocratie seraient sacrifiés sans état d’âme sur l’autel de l’énergie !

Pour le seul canton de Vaud, il est à prévoir que le chiffre prévu actuellement par le plan directeur (environ 160 éoliennes) serait multiplié par trois ou par quatre ! On ne verrait plus que des éoliennes dans nos paysages, sauf sur les bords du lac ?

Une industrie techniquement à bout de souffle

Manque de chance : c’est précisément quand nos autorités mettent une pression politique inouïe pour construire des éoliennes que l’on se rend compte de l’essoufflement technique de cette énergie en Europe. Car malgré des augmentations sensibles de la puissance installée, la production l’électricité éolienne ne progresse plus.

Les chiffres sont impitoyables : Depuis quelques années malgré une augmentation de la puissance installée d’éolienne la production de ces dernières en Europe stagne voire diminue. C’est ainsi qu’en France malgré une augmentation de la puissance installée qui est passée de 17,6 GW en 2020 à 20,6 GW en 2022, on a assisté à une diminution globale de la production électrique des éoliennes terrestres sur la même période. Les raisons sont multiples et sont clairement décrites en détail dans l’article ci-joint de Fabien Bouglé paru sur le site FACTUEL  parmi lesquelles : vieillissement des éoliennes, « effet sillage » à grande échelle, baisse des régimes des vents en Europe.

Une erreur majeure de plus en matière énergétique

Le Conseil fédéral ne s’était pas vraiment illustré avec sa politique énergétique 2050 qui s’est avérée être un échec cuisant. Mais il persiste et signe dans l’erreur en misant sur un cheval qui s’essouffle déjà au plan européen.

Notre exécutif est visiblement en train d’envoyer notre pays au tapis énergétique et il y a fort à parier que le parlement suivra sagement, obnubilé qu’il est par la peur de manquer d’énergie…

L’EPFL fait de la politique énergétique et sort de son rôle

L’EPFL fait de la politique énergétique et communique de manière partielle et partiale les résultats d’une étude

A quelques semaines de la votation sur la loi climat, l’EPFL n’hésite pas : sur son site Internet, elle affirme qu’une nouvelle étude publiée en collaboration avec la HES-SO Valais nous apprend que la neutralité carbone et l’indépendance énergétique sont « théoriquement possibles » d’ici 2050, ceci à des coûts plus faibles que les coûts actuels. Magnifique, qu’attendons-nous pour le faire ?

Les médias suivent sans esprit critique

Évidemment les médias, RTS en tête, reprennent l’information sans en analyser les tenants et aboutissants de manière critique. Elles le devraient : cette étude repose sur des modélisations et reste très théorique. À y regarder de plus près, on remarque rapidement que certaines hypothèses ne se réaliseront jamais.

L’exemple éolien : des chiffres totalement irréalistes

Sous l’angle de l’énergie éolienne par exemple, on constate que la puissance éolienne installée mentionnée dans cette étude varie de 8.4 à 20 GW (considéré comme « potentiel éolien maximum »), ce qui signifie entre 2’800 et 6’600 éoliennes de 3MW et au moins 200 mètres de hauteur sur territoire suisse. Sans même parler des toutes les contraintes territoriales (montagnes, zones urbanisées, etc.) qui rendent ce chiffre fantaisiste, la confrontation à la réalité des projets planifiés est sans appel. Selon le lobby éolien Suisse Eole, il existe actuellement en Suisse 309 éoliennes planifiées dans 53 parcs ou projets, qui sont soit en procédure soit inscrits dans une planification directrice. Seules 41 machines sont en fonction à ce jour.

L’Alliance environnement, regroupant les principales ONG de protection de l’environnement suisses, estime que 400 éoliennes au maximum sont compatibles avec l’indispensable préservation de la biodiversité dans notre pays.

Une étude qui n’est pas remise en cause mais une communication trompeuse

Sans remettre en cause la rigueur scientifique de l’étude, qui opère avec des modèles et des scénarios, PLVD regrette l’utilisation politique qui en est faite, en particulier par l’EPFL. La communication médiatique est en effet trompeuse ; elle vise à faire croire qu’il est aisé et peu coûteux de remplacer toute l’énergie fossile et toute l’énergie nucléaire par des nouveaux renouvelables, alors que les hypothèses sous-jacentes de l’étude, notamment celle du nombre d’éoliennes à mettre en place, sont totalement irréalistes, sans même entrer dans la discussion de leur opportunité.

On attend des hautes écoles rigueur et objectivité

L’énergie et le climat sont des enjeux majeurs, qui méritent une information objective et rigoureuse ; la science et l’ingénierie doivent évidemment y apporter leur indispensable contribution, en toute indépendance et sans faire de politique.